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PIERROT.

Oui-da ! grondé, moqué, battu…

MARIELLE.

Tout cela pour rire. Regarde-moi en face.

PIERROT, hardiment.

Eh bien, monsieur ?

MARIELLE.

Regarde-moi bien. Ai-je la figure d’un honnête homme ?

PIERROT, ému.

Oui, monsieur.

MARIELLE.

Me crois-tu disposé à te tromper ?

PIERROT, entraîné.

Non, monsieur.

MARIELLE.

Veux-tu venir avec moi ?

PIERROT, comme fasciné.

À votre commandement, monsieur.

MARIELLE.

As-tu des parents ?

PIERROT.

Ni père ni mère, ni oncles ni tantes. Je suis un enfant du bon Dieu, et l’on me fait travailler pour l’amour du bon Dieu.

MARIELLE.

Eh bien, nous partons tout de suite.

PIERROT.

Faudra donc passer à la ferme pour que je rende le compte de mes oies.

MARIELLE.

Nous passerons à la ferme et l’on satisfera tes maîtres.

FLORIMOND.

Comment ! Marielle, vous allez encore vous charger d’un enfant qui ne sait rien ?

MARIELLE.

Je lui apprendrai ce qu’il doit savoir, et tâcherai de lui conserver ce qu’il a, sa simplicité et sa gentillesse.