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véritable figure d’un Gilles, d’un Gerolamo ou d’un Giacometto.

PIERROT.

Vous vous gaussez de moi, mes beaux messieurs ; je ne m’appelle point de tous ces grands noms-là : je m’appelle Pierrot.

MARIELLE.

Pierrot ! voilà justement le nom de ce type français que nous n’avons point et qu’il nous faudrait pour compléter notre troupe. Mes amis, tâtez-le donc un peu.

PIERROT.

Me tâter ? Je ne vous ai rien dérobé ! Crédienne ! ne me tâtez point ! je n’ai point mérité cet affront-là !

ERGASTE.

Bien répondu ! (Jouant le capitan.) Or ça, petit mirmidon, m’oses-tu bien regarder en face ! ne sais-tu point que je suis le capitan don Fracasse y Franca-Tripa y Taglia-Cantom y Parafante y Marco-Pépé y Spavento y Spezza-Ferro y Meo-Patacca ?

PIERROT, stupéfait.

Par la mordi ! monsieur, ne vous fâchez point, je ne comprends point le latin.

MARIELLE.

Voyez comme le masque est joli, le regard clair et fixe ! et le naturel des réponses ! Étudie cela, Fabio !

FABIO.

Merci ! les niais ne seront jamais de mon emploi.

MARIELLE.

Toute observation de la nature est précieuse et utile en Son lieu. (Pendant qu’ils parlent ainsi, Florimond, jouant le Mezzetin, tourne autour de Pierrot en feignant de vouloir lui prendre quelque chose dans sa poche, en faisant des mines qui l’inquiètent ; Pierrot, effrayé à la fin, se réfugie derrière Sylvia.)

SYLVIA, jouant aussi la comédie.

Eh ! Mezzetin, pourquoi tourmenter ainsi ce pauvre Pierrot ?