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SŒUR COLETTE.

Ah ! mon Dieu, déjà ! déjà te quitter, mon frère… et sans voir la fin de la pièce !

MARIELLE.

Quelle heure est-il donc ? cinq heures ? Hélas ! oui. Il faut partir.

SŒUR COLETTE.

Cinq heures tout de bon ?… Nous devrions être rentrées. Partons, partons, ma chère Sylvie ! Adieu, mon pauvre Marielle ! Quand est-ce que je te reverrai à présent ?

MARIELLE.

Bientôt, si tu obtiens la permission de faire un voyage en France. Je suis certain que les médecins de ce pays-là te guériront.

SŒUR COLETTE.

Je crains fort de ne point avoir cette permission, et mes pauvres yeux s’en vont toujours. Dieu nous soit en aide ! qu’il te bénisse, mon cher Marielle ! je prierai pour toi. Allons, dis adieu à la bonne Sylvie ; nous parlerons de toi ensemble, ce sera pour me consoler un peu.

MARIELLE.

Belle et bonne Sylvie, puissiez-vous être heureuse ! Que n’êtes-vous Isabelle et moi Scaramouche, non point pour assujettir vos inclinations, mais pour vous protéger et vous servir !

SŒUR COLETTE.

Adieu, Ergaste ! Adieu, mon petit Fabio ! Aime bien ton père, Marielle. Tu m’écriras, mon frère. Si je suis aveugle, Sylvie me lira tes lettres. Adieu, monsieur Florimond ! (Passant devant Desœillets, qui observe Sylvie.) Monsieur, je vous salue. (Elle sort appuyée sur le bras de Sylvie.)

FABIO.

Je vais arranger mon bagage pour qu’on ne me gâte rien. (il prend quelques paquets et sort.)

FLORIMOND, à la cantonade,

Et mon chien ? a-t-on amené mon chien ? (Il sort.)