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FLORIMOND.

Des achats ? des plumes, des dentelles, des gants parfumés ! Marielle doit savoir ce que lui coûte la braverie de son fils adoptif.

MARIELLE.

C’est un enfant. Il est beau, il plaît à tout le monde, il faut bien qu’il se plaise aussi à lui-même.

FLORIMOND.

À sa place, je ferais encore plus de sottises qu’il n’en fait, puisque vous le trouvez bon. Vous avez fait une belle emplette, vous, le jour que vous l’avez acheté à des bohémiens.

ERGASTE.

Allons, bourru ! vas-tu point reprocher à Marielle la plus louable de ses œuvres ? Dieu sait si nous étions riches et s’il nous restait de quoi bien dîner, le jour où Marielle tira de sa poche la rançon de ce pauvre petit enfant !

FLORIMOND.

Et à présent que le pauvre petit est un grand garçon, on peut dire de lui

Pourveu qu’on soit morgant, qu’on bride sa moustache,
Qu’on frise ses cheveux, qu’on porte un grand panache,
Qu’on parle barragouyn et qu’on suive le vent,
En ce tems du jourd’huy, l’on n’est que trop savant.

ERGASTE.

Si tu dis encore des vers, je m’en vas !

FLORIMOND.

Je dirai donc en prose que Marielle sera payé de ses libéralités par l’ingratitude. Voilà ce qui est assuré à quiconque fait métier d’obliger les autres. Ah !…

Je tenais, comme on dit, le loup par les oreilles !


Car voici une pratique de même espèce, M. Descœuillets !