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PROLOGUE

À Turin. — Une chambre d’hôtellerie. Des bagages sont épars sur le théâtre.


Scène PREMIÈRE

MARIELLE, ERGASTE, FLORIMOND.

Marielle, à part, lit un manuscrit. Ergaste et Florimond achèvent de manger, assis à une petite table.

ERGASTE.

Allons, ne nous querellons plus et buvons sans colère le coup de l’étrier. Je n’aime point les vers ; toi, tu fais montre de ceux que tu sais…

FLORIMOND, déclamant.

Tu rechignes en vain ta trogne mal contente…

(Parlant naturellement.) Je te soutiens, moi, que la comédie que nous jouons, comedia dell’arte, comédie bouffonne, comédie à sujet, comédie à l’impromptu, comédie à canevas, comédie italienne en un mot, passera de mode en France singulièrement ; et que la comedia sostenuta, la comédie noble, comédie académique, comédie sérieuse, comédie française pour tout dire, fera oublier notre vieux genre libre et burlesque.

ERGASTE.

Que la trompette du diable me rende sourd si j’en crois pas un mot ; quoi ! on divertirait le monde avec des pièces récitées de mémoire ? le théâtre des auteurs déposséderait le théâtre des acteurs ? Voyons, Marielle, mets-nous d’accord ; quel est ton sentiment ?