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votre père a bien raison d’être fier de vous. Avez-vous apporté la note ?

NANNI.

Non, monsieur. Mon père vous prie d’accepter ce petit travail en reconnaissance des soins que vous avez donnés à ma grand’mère.

PÉRÉGRINUS.

Moi ? Je n’ai rien donné du tout !

NANNI.

Oh ! si fait ! du bon vin vieux, et des oranges de Malte, et de si bonnes paroles, tant de consolations ! Vous nous l’avez sauvée, notre pauvre vieille, et, aussi longtemps que nous vivrons, vous serez béni chez nous.

MAX, à Pérégrinus, bas, railleur.

Tu ne lui réponds pas grand-chose, mais tu te laisses assez bien faire la cour. C’est un progrès, sais-tu ? N’oublie pourtant pas que je viens te voir.

PÉRÉGRINUS.

Je ne l’oublie pas, j’en suis charmé.

MAX.

Charmé, charmé !… Il n’y a pas d’excès !… Tu avais si bien défendu ta porte, que j’ai été forcé de l’enfoncer.

PÉRÉGRINUS.

Ah ! c’est toi qui… ?

MAX.

C’est bien simple ! Je te cherche, tu me fuis. Je veux te voir, un obstacle se présente… une chose en fer et en bois que je ne puis persuader… C’est à qui sera le plus fort.

PÉRÉGRINUS, souriant.

Oui, oui, c’est juste. Je suis content de la vigueur de ton poignet ; mais où prends-tu que je te fuis ? (Un peu embarrassé.) J’avais à travailler, il est vrai… mais, du moment que c’est toi…

MAX.

Tu fais contre mauvaise fortune bon cœur ?