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COQUERET.

Oh ! je sais, monsieur. Ça est sorti de l’eau, ou du feu, ou de l’air, c’est comme vous voudrez.

DURAND.

Comment ! c’est comme je voudrai ?

COQUERET.

La Louise m’a dit : « Monsieur n’est pas sûr, mais il aime mieux que ça soit sorti du feu, et ce sera ce que monsieur décidera. »

DURAND, à part.

On dirait qu’à eux deux, ils se sont moqués de moi ! Au fait, je n’ai là-dessus que des hypothèses ! (Rêvant en regardant le granit que Coqueret lui a apporté.) Qui résoudra à coup sur le premier des problèmes ? Qui a présidé au spectacle de ces étonnantes formations ? granit ! la plus vulgaire et la plus mystérieuse des pierres ! tu es la clef qui ouvre tout, sauf le point de départ ! Derrière toi, il n’y a de prouvé que la fantaisie de nos systèmes ! Tu es le poëme fabuleux (Louise entre) de nos rêveries, le témoin impénétrable des jours qui ne sont plus, le…


Scène V

Les Mêmes, LOUISE.

LOUISE, qui a interrogé Coqueret du regard en entrant, et à qui celui-ci a fait signe que leur maître était dans les espaces. De la part de Coqueret, cet avertissement n’a rien d’ironique, il est, au contraire, respectueux et admiratif.

LOUISE.

Bonjour, monsieur…

DURAND, tressaillant et quittant son pavé.

Ah ! bonjour, ma Louise ! bonjour, ma bonne fille ! (il l’embrasse au front, presque respectueusement.) Es-tu un peu contente de me revoir ?

LOUISE.

Oh ! oui, monsieur, bien contente.