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DURAND.

Eh ! je ne vous parle pas de votre nièce, mon cher ! J’examine ce que contient ce magnifique bloc d’oolithe ; c’est une vraie trouvaille que j’ai ramassée sur la grande route au moment où le cantonnier allait l’employer. Ce sont des pavés de rebut qu’ils brisent pour ferrer la voie. En détruisent-ils, ces malheureux, des échantillons précieux et rares ! Et pourquoi, je vous le demande ? Si tout le monde avait le bon sens de voyager à pied, comme je fais en tout pays et en toute saison…

LE VOISIN.

Vous êtes allé à la ville à pied et vous êtes revenu de même ?

DURAND, examinant son pavé.

Parbleu ! — Dix-sept espèces de débris dans une seule pierre ! Et quand je dis débris, beaucoup de sujets sont dans un état de conservation parfaite ! Voici la térébratule épineuse, la pholadomya fidicula, nerinea hieroglyphica, cidaris coronata…

LE VOISIN.

Et patati, et patata !… Mon ami, vous devenez insupportable, et, puisqu’il n’y a pas moyen de vous arracher une parole qui ait le sens commun,… je suis votre serviteur ! (Il prend son chapeau.)

DURAND.

Non, voisin ! Allons donc, pardonnez-moi ! Un moment de patience… Il y a là quelque chose qui m’intrigue… Est-ce la dent palatale d’un poisson, ou bien… ?

LE VOISIN.

Tenez, vous n’êtes peut-être pas si distrait que vous en avez l’air ! Vous faites la sourde oreille pour ne pas me répondre : mais je vous dis, moi, qu’il est temps de vous décider. Vous avez laissé faire des démarches, et j’apprends de ma sœur qu’étant allé à la ville pour voir sa fille, vous avez tout simplement oublié de leur rendre visite.

DURAND.

Eh bien, je n’ai rien oublié du tout. Je n’ai pu me résou-