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CARION.

Et nous ne voulons plus te connaître. Va-t’en ! Cabaretière à fausses mesures, hôtesse des ruines, compagne des loups et des chiens errants, veux-tu nous faire manger des vipères ? Nous avons assez de toi, va-t’en !

CHRÉMYLE.

Va-t’en et ne souille pas l’entrée de ce bois sacré, où tu as la malice de te tenir pour échapper à notre colère ! Va-t’en, et sois trois fois maudite !

LA PAUVRETÉ.

Avez-vous fini de m’injurier, extravagants que vous-êtes ? Ne m’écouterez-vous pas ?

CHRÉMYLE.

Non.

CARION.

Tu es condamnée d’avance, toi et les tiens.

BACTIS.

Chrémyle, tu as toujours été doux et hospitalier. Écoute cette femme, et tu verras bien, à ses discours, si elle vient de la lumière ou des ténèbres.

CHRÉMYLE.

Mais si elle nous persuade de renvoyer Plutus ?

BACTIS.

Elle ne te persuadera pas, si tu as de meilleures raisons que les siennes.

CHRÉMYLE.

Et, si je n’en trouve pas, il me faudra donc la croire ? C’est ce que je ne veux pas.

MYRTO.

Mais vous en aurez, mon père ; vous êtes un homme sage.

CHRÉMYLE.

Certainement, je suis un homme sage, et aussi capable de bien raisonner que tous ceux de la ville ; mais…

MYRTO, bas, à son père.

Ne l’offensez pas, laissez-la parler. N’est-elle pas à craindre ?