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l’hommage des courtisanes, des calomniateurs et de toutes les sangsues qui se collent aux deniers publics. Tiens, laisse-moi tranquille. Je veux faire ici un bon somme, et tes subtilités me fatiguent. (Il se couche.)

MERCURE.

Dors donc, associé de malheur ! Maudit soit le jour où le destin lia mes pas agiles à ton pas inégal et fantasque, tantôt lourd comme le plomb, tantôt rapide comme la foudre !


Scène II

MERCURE, PLUTUS, endormi ; MYRTO.
MYRTO, surprise.

D’où viens-tu, bel étranger ? Es-tu quelque prêtre de Mercure, que tu te pares de ses attributs ?

MERCURE.

As-tu quelque requête à soumettre au dieu que tu viens de nommer ? Parle, fille charmante. Tu ne saurais éprouver de refus.

MYRTO.

voyageur mystérieux, dis-moi…

MERCURE.

Appelle-moi Mercure, comme si tu lui parlais à lui même.

MYRTO.

Soit ! tu me comprendras mieux, et peut-être que le dieu m’entendra… Mercure, protecteur des amants que le destin sépare ! toi qui sers, dit-on, de messager aux dieux, instruis-moi dans l’art de surmonter les obstacles ! Je ne suis qu’une fille des champs, j’ignore l’art de me rendre aimable, et je ne suis pas encore dans l’âge où l’on ose demander à Cypris et aux Grâces le secret de triompher d’un cœur rebelle.

MERCURE.

Quel est donc ce rebelle ? Est-il né sous les glaces de l’Ourse ou dans l’antre de Polyphème, pour méconnaître tant de charmes ?