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CLÉONICE.

Maman, vous me faites peur ; je ne crois plus aux beaux maris, depuis que vous avez eu l’idée de me faire épouser le duc !…

MADAME DUBUISSON.

Il n’est plus question de ça. Qu’est-ce que tu dirais du jeune comte de Trégenec ?

CLÉONICE.

Vous n’y songez pas, maman ! L’amoureux de Françoise !

MADAME DUBUISSON.

Il n’a jamais songé à elle.

CLÉONICE.

Vous êtes sûre de ça ? Au fait, Françoise s’en défend aussi. Mais pourquoi veut-il m’épouser, ce monsieur ? Il ne me connaît pas : nous nous sommes vus deux fois… il y a deux mois.

DUBUISSON.

Elle a raison, ils ne se connaissent pas.

MADAME DUBUISSON.

Si on se connaissait, on ne s’épouserait jamais.

CLÉONICE.

C’est peut-être vrai, mais ça n’est pas gai.

DUBUISSON.

Est-ce qu’il te déplaît, ce jeune homme ?

CLÉONICE.

Non ! mais,… si je lui déplais, moi ?

MADAME DUBUISSON.

Eh bien, qu’est-ce qui le force à te demander ?… Est-elle sotte !

CLÉONICE.

Ce qui le force ?… C’est peut-être bien ses créanciers.

DUBUISSON.

Dame ! elle ne se trompe guère !

MADAME DUBUISSON, bas, à son mari.

Monsieur Dubuisson, tais-toi !… (Haut.) Elle en tient toujours pour Jules, tu ne vois pas ça.