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Moi, j’ai passé ma vie à me tourmenter de ce qui pouvait te rendre malheureux.

HENRI.

Et, quand je te demande de te charger de mon bonheur, tu te mets à trembler pour toi-même !

MARIE-JEANNE.

Dame !…

FRANÇOISE.

Pour moi ?… Oh ! non, je ne pense pas à moi !… mon pauvre Henri ! Jusqu’à présent, mon affection ne t’a fait que du bien ; si, en changeant de nature, elle allait te sembler moins douce.…

HENRI.

Pourquoi changerait-elle de nature ? Ton amitié est si généreuse !

FRANÇOISE.

Et mon amour serait confiant, je vais te le prouver. (Elle va dire un mot à Marie-Jeanne, qui sort par la gauche.) Écoute, tu es sans préjugés ; mais tu te complais dans certaines idées chevaleresques, et, quand tu fais un serment, tu le fais avec un orgueil de gentilhomme breton.… qui ne me déplaît pas, toute bourgeoise que je suis ! Eh bien, je veux savoir si le oui que tu diras à l’autel, le jour de ton mariage, sera le oui du chrétien, du gentilhomme ou de l’homme du monde ?

HENRI.

Que sais-je, moi ? ce sera le serment de l’homme qui t’aime.

FRANÇOISE.

Eh bien, mon ami, je croirai à ce serment ; mais, avant de le faire, réfléchis, je t’en supplie. Je ne dois rien te promettre, moi ; car ce serait engager ton honneur, et je veux que tu puisses encore revenir sur ta résolution. Penses-y quelques jours avant de m’en reparler. J’ai tellement peur que tu ne te fasses illusion… et moi, j’aurais tant de douleur si tu regrettais !… mon attachement pour toi est si profond, si… (À part.)