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l’avoir trouvé là, blessé, évanoui, mourant, tandis que, moi, éperdu, j’allais chercher des secours que je n’ai pas trouvés, et qui n’eussent pas valu les siens ! Si ma parole ne vous suffit pas, ma mère, interrogez cet honnête homme qui est là (montrant Pierre) et qui a le droit d’y être !

LA MARQUISE.

Ah ! qu’ai-je fait !

LE DUC.

Vous avez cru à la délation d’une personne…

LA MARQUISE.

Elle croyait dire la vérité. (S’avançant.) Mademoiselle de Saint-Geneix, je n’ai jamais douté de votre honneur !

CAROLINE.

Pardonnez-moi, madame, vous avez douté de ma droiture.

LA MARQUISE.

La réparation que j’ai à vous offrir…

CAROLINE.

Je n’en puis accepter aucune !

LA MARQUISE.

Caroline, voilà une parole cruelle ! Elle tombe sur le canapé.

CAROLINE.

C’est qu’on a été cruel aussi envers moi, madame la marquise. Je sais que les malheureux ont mauvaise grâce à se plaindre. Il y en a tant qui manquent de courage et de fierté, c’est tant pis pour ceux qui n’en manquent pas : tous doivent être soupçonnés. Quel était mon crime, à moi ? Je suis ici pour travailler, et je travaille ; je ne me mêle de rien que de faire mon devoir, sans jamais me plaindre de mon sort. Je ne recherche l’amitié et la confiance de personne. On veut malgré moi me deviner, me connaître, lire dans mon cœur, le troubler, le déchirer, le sommer de se rendre ! et, quand on croit