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dégagé de tout lien ; n’entretenez pas chez votre frère des émotions que vous ne pouvez pas comprendre, mais qui le tuent : épousez mademoiselle de Saint-Geneix. Certaines questions de délicatesse, monsieur, équivalent à des raisons d’honneur.

LE DUC, indigné.

Madame !… pardonnez-moi, ma mère ! (La marquise retourne à l’extrême droite.) Mais vous me faites bien cruellement expier le passé ! Vous m’accusez d’une infamie !

LA MARQUISE.

Non ! d’une grande légèreté.

LE DUC.

Certaines légèretés sont des crimes, et c’en serait un que d’avoir troublé le repos d’une personne respectable pour offrir le lendemain mon lâche cœur à une autre. Tenez, je ne peux pas répondre devant cet ange qui daignait croire en moi ! ni devant cette autre pureté qui est là, écoutant avec stupeur les révélations que vous lui faites ! Mon Dieu ! je me croyais absous, régénéré, purifié ; j’étais tout enthousiasme, sincérité, dévouement, persuasion ; je me croyais digne enfin d’appeler celle-ci ma sœur et celle-là ma femme ! Et voilà que, sur un soupçon que je devine et que vous regretterez, ma pauvre mère, vous avez tout brisé !

Il tombe sur la canapé.
DIANE.

Tout brisé ? Non, rien, voyez.

Elle embrasse Caroline.
LE DUC, se relevant avec impétuosité.

Ah ! que je vous aimerai, vous !

URBAIN, au duc.

Mais elle, enfin, qu’a-t-elle donc fait pour qu’on ose lui infliger la torture d’une pareille enquête ?

LE DUC, avec force.

Ce qu’elle a fait ? Elle a passé la nuit ici à te veiller, après