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qu’on aura la franchise de me le dire. — Mais porte donc cette note.

Pierre va pour sortir à droite ; il voit que Caroline est allée s’asseoir près du bureau et qu’elle sanglote ; il revient près d’elle.
PIERRE.

Mademoiselle Caroline ! excusez-moi, je vous appelais comme ça quand vous étiez petite ; je ne savais pas beaucoup vous amuser, mais je vous consolais quelquefois. Si ma femme était là, elle vous dirait… Mais je ne sais guère m’expliquer, moi !

CAROLINE, lui tendant la main.

N’importe ! parle-moi, mon ami ! je n’ai plus de père… je n’ai plus personne au monde pour me conseiller, pour me protéger…

PIERRE.

Ah ! je ne suis qu’un domestique, et je ne peux pas vous défendre ! Mais, en pensant à vos parents qui étaient si fiers, si respectés !… vous ne devez pas souffrir qu’on vous rende malheureuse. Personne n’a ce droit-là, entendez-vous ? personne ! Un homme qui ne peut pas vous épouser ne doit pas seulement vous regarder, et… M. le marquis vous regarde trop.

CAROLINE, vivement et se levant.

Ne dis pas cela ! Tu te trompes !

PIERRE, sévèrement.

Et vous, vous cherchez à vous tromper vous-même… Ça ne vaut rien.

CAROLINE, retombant sur la chaise en sanglotant.

Pierre… Ah ! que tu me fais de mal !

PIERRE.

Oui, je vois bien ! mais si c’est mon devoir !

CAROLINE, énergiquement.

Eh bien, je connais le mien ; je le remplirai jusqu’au bout. (Elle se lève et passe à droite.) Je verrai avec satisfaction le mariage qui se prépare et j’y travaillerai de toutes mes forces. Tu peux être tranquille, je serai digne de mon père, et, si tu