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tout ce qui est à la mode ; j’ai des goûts d’artiste ! J’aime à me voir belle, ainsi que ma fille ! Il n’y a rien de trop cher pour moi ! Tout me rit quand l’argent rit dans mes mains. Tenez, j’ai mon vieux château, qui avait déjà un certain genre ; ah bien, oui ! je vous l’ai mis sens dessus dessous pour qu’il ait l’air d’une maison royale. Je n’épargne rien : j’ai deux cents ouvriers ; ça me fait du bruit, de la poussière, ça m’est égal : c’est mon argent qu’on remue à la pelle ! J’ai des chevaux magnifiques : dix mille francs la pièce, mon cher ! Ils ont le diable au corps : tout à l’heure, ils se sont emportés, ils ont manqué tout briser. Ça ne me faisait rien, je riais ! je riais ! je me disais : « C’est mon argent qui galope ! » (Henri sort par le cabinet avec la Hyonnais.) Eh bien, les voilà partis ?

LE DOCTEUR.

C’est par discrétion ! vous racontez vos affaires…

MADAME DUBUISSON.

Je ne fais pas mystère de ce que j’ai ! Il n’y a que les avares ou les poltrons qui cachent leur bourse !… Tout de même, ils sont bien froids, vos beaux messieurs. On ne sait pas seulement la couleur de leurs paroles.

LE DOCTEUR.

Convenez que, s’ils avaient trouvé moyen de placer un mot, ils auraient été habiles !

MADAME DUBUISSON, piquée.

Sans doute, M. le comte cause davantage quand on n’est pas là ! Au fait, je ne savais pas le trouver chez vous, moi ! sans quoi, je n’aurais pas commis l’indiscrétion…

On se lève.
LE DOCTEUR, un peu sèchement.

L’indiscrétion ?

MADAME DUBUISSON.

Ah ! tenez ! je dis tout ce que je pense, moi ; j’en ai le droit : j’ai toujours eu une conduite prudente et réfléchie… C’est à Françoise que je m’adresse.

Elle s’est avancée ; Cléonice a passé derrière le docteur.