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URBAIN.

Quoi ?

LE DUC.

Eh ! ce que je te disais tout bas : qu’elle est adorable !

URBAIN.

Penses-tu à ce que tu dis là ?

LE DUC.

Je crois bien ! Mais tu ne la vois donc pas, mon cher ? Pas de faux cheveux, pas de poudre de riz… Une femme nature ! comme c’est rare ! un esprit, une grâce, une… Ah !

URBAIN.

Te voilà amoureux fou !

LE DUC.

Je ne sais pas, mais je dois l’être, car je suis d’un bête !…

URBAIN.

Et la parole que tu as donnée à notre mère ?

LE DUC.

Je ne lui ai pas donné ma parole d’être aveugle. Mademoiselle de Saint-Geneix me plaît, elle me tourne la tête ; elle m’enthousiasme ! ça n’est pas ma faute. Je sens qu’elle a plus d’esprit que moi, et ça m’enchante de subir sa supériorité ; qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ?

URBAIN.

Alors… c’est un mariage que tu allais lui proposer tout à l’heure ?

LE DUC.

Oui ; mais j’ai été si maladroit ! elle n’aura pas compris.

URBAIN, se levant.

Elle se dit, je présume, que notre mère s’opposerait…

LE DUC.

Laisse-moi donc ! ma mère ne fonde plus sur moi aucune espérance de gloire et de fortune. C’est toi, quoi que tu en dises, qui satisferas son ambition par le grand mariage. Ah ! c’est comme ça ; tu t’y décideras, c’est ton devoir ! Te voilà passé chef de famille, mon cher Urbain : tu deviens l’aîné, l’espoir et l’avenir de notre maison. Moi, je fais oublier mes