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de trop près. Mais vous ne voudrez pas d’une fille de banquier, et il ne voudra pas d’une noble demoiselle laide ou bossue ! Ce qu’il lui faudrait, c’est quelqu’un qui, par dévouement pour vous, et sans regarder de trop près à ses avaries…

LE DUC, continuant la phrase de Léonie.

Consentirait à épouser ce vaurien qui n’est plus ni beau ni jeune, dont l’esprit est fort usé, et qui ne sait plus à quel clou se pendre… mais à qui cependant il reste un beau nom, un vrai titre, et qui me procurerait un tabouret à la cour… d’Espagne ! Ne vous donnez pas tant de peine, ma mère est endormie.

LÉONIE.

Elle dort ?

LE DUC.

C’est ce qu’elle pouvait faire de mieux. C’est un beau succès, savez-vous ? Vous auriez pu ajouter, car enfin il faut faire valoir sa marchandise : « J’ai trente ans, bien que j’en paraisse tout au plus… vingt-neuf ! Je suis encore bien ; je suis née dans l’industrie, il n’y a pas de mal à ça ; mais, que voulez-vous ! j’ai la niaiserie d’en rougir… »

LÉONIE, se levant.

Je n’en ai jamais rougi !

LE DUC, s’approchant d’elle en passant devant sa mère.

Si fait ! le jour où vous avez épousé ce cher M. d’Arglade, vous avez eu une raison.

LÉONIE.

Laquelle ?

LE DUC.

Le désir d’être baronne. Mais il était plus fin que vous. Vous étiez riche, jolie, pimpante ; il était pauvre, ennuyeux, fort peu agréable et pas baron du tout.

LÉONIE.

Ah ! monsieur le duc, me dire du mal de mon mari, le meilleur des hommes.