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LÉONIE.

Alors, vous croyez que, s’il se trouvait ici tantôt, il ne dirait rien de déplacé ?

LA MARQUISE.

Lui ? Jamais. Il sait son monde. (Les deux dames se lèvent.) Mais ce n’est pas de lui qu’il s’agit… Ah ! je suis émue ! Pourvu que le marquis ne sorte pas ! Je vais lui faire dire…

Elle va pour sonner.
LÉONIE.

Non ! j’ai dit à Benoît de le surveiller ; il est chez lui, il travaille. Calmez-vous, chère madame ! Elle reconduit la marquise à son fauteuil à droite.

LA MARQUISE, s’asseyant.

C’est vrai ! je me fatigue, et il faut que je sois aimable tout à l’heure ! Parlez-moi, baronne ; mes idées sont toutes brouillées ; vous dites que madame de Dunières… ?

LÉONIE, s’asseyant.

Elle craint un peu le duc ! Il a vu et il voit peut-être encore si mauvaise compagnie !…

LA MARQUISE.

Non ! Urbain m’a assuré que non.

LÉONIE.

Moi, je vous dis ce qu’on m’a dit, ce que dit tout le monde ; vous devriez songer à marier le duc.

LA MARQUISE, rêveuse.

Ah ! bah !

LÉONIE.

Cela fait, le marquis mettrait plus d’empressement à s’établir, et la chose serait plus facile. Songez donc ! il craint d’abandonner son frère à lui-même dans une situation… qui n’a rien de gai. (La marquise s’endort. — Le duc entre par le fond et vient se mettre derrière la marquise. — Léonie continue sans le voir.) Il n’a plus rien, ce pauvre duc ! Il n’est plus jeune, son esprit est bien connu, et pas de la première fraîcheur ! Je sais bien qu’on peut toujours se refaire quand on n’y regarde pas