Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/353

Cette page n’a pas encore été corrigée

URBAIN.

Si vous l’étiez, mademoiselle, ma mère peut disposer de moi toute la matinée.

LA MARQUISE.

Encore aujourd’hui ? Vous me gâtez, mon cher enfant ! Alors, causons. (Caroline revient s’asseoir.) J’aime bien mieux ça. Savez-vous que, depuis un mois, depuis que cette bonne Caroline est ici, je vous dois à tous deux des matinées charmantes ? Elle lit si bien ! et puis, quand vous causez, ça me ranime en même temps que ça me repose. Vous avez tant de savoir et d’idées l’un et l’autre, que je ne pense plus à avoir de l’esprit ; vous m’avez appris à écouter, et c’est quelquefois bien bon !

CAROLINE.

C’est ce que je me dis quand vous parlez avec M. de Villemer.

URBAIN.

Et c’est ce que je me dis aussi quand ma mère parle avec vous, mademoiselle de Saint-Geneix.

LA MARQUISE.

Alors, nous voilà très-contents de nous trois ! Mais le meilleur, c’est que nous pensons tout de bon ce que nous disons en riant : comme c’est rare en ce monde ! Caroline, vous m’avez tenu parole ; vous êtes parfaite pour moi, dévouée sans vous faire valoir, gaie sans être bruyante, active sans être tracassière, et surtout vous avez l’air de ne jamais vous ennuyer avec moi.

CAROLINE.

Est-ce qu’on s’ennuie d’être heureux ?

URBAIN, gaiement.

Dites donc aussi que vous êtes heureuse, chère mère, et nous serons, comme disent les bonnes gens, vos obligés pour la vie.

LA MARQUISE.

Oui, je suis heureuse… moyennant l’espoir de l’être encore davantage si…