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CAROLINE.

Vingt-quatre ans.

LA MARQUISE.

Et vous avez été au couvent avec madame d’Arglade ?

CAROLINE.

Oui, madame.

LA MARQUISE.

Et vous étiez amies ?

CAROLINE.

C’est-à-dire que mademoiselle Léonie Lecomte, qui était dans les grandes, comme nous disions, quand j’étais dans les petites, m’avait prise en amitié. Elle a quitté le couvent bien avant moi, et nous nous étions perdues de vue. Mais, lorsque, par des amies communes, elle a appris la situation de ma sœur et la mienne, elle s’est souvenue de nous, et, sachant que j’ambitionnais une place de lectrice, elle a eu l’heureuse idée de me recommander à madame la marquise.

LA MARQUISE.

Je lui en sais gré. Seulement, madame d’Arglade m’avait dit que vous étiez plus âgée qu’elle.

CAROLINE.

Dans mon intérêt, sans doute, et dans la crainte que mon âge n’offrit pas assez de garanties. Mais les années de malheur doivent m’être comptées doubles.

LA MARQUISE.

Pourtant… elle m’avait dit aussi que vous n’étiez pas jolie, et je vous trouve jolie.

CAROLINE.

Ceci est une affaire de goût, madame, et les opinions là-dessus sont libres.

LA MARQUISE.

Vous avez de l’esprit.

CAROLINE.

J’essaye d’avoir celui qui convient à ma position.

LA MARQUISE.

C’est le plus rare. Parlons donc de votre position. Vidons