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DE LUNY.

Et que l’on doit attendre d’un homme mûr, toujours maître de son premier mouvement. N’en parlons plus ! Mais avouez, madame (baissant la voix) que les natures candides et spontanées… dont vous parliez tout à l’heure, n’ont pas toujours le meilleur rôle dans les affaires délicates.

MARGUERITE.

Vous n’en savez rien, vous !

DE LUNY.

Je sais, du moins, qu’elles donnent toujours de l’avantage à qui sait profiter de leurs fautes.

MARGUERITE.

C’est-à-dire à qui n’est pas vraiment généreux.

DE LUNY.

On ne peut pas être éternellement généreux… c’est un métier de dupe ; peut-on abjurer ses droits, quand on vous les dénie sans ménagement ?

MARGUERITE.

Ses droits ?…

CYPRIEN, qui, pendant ce dialogue, a regardé continuellement Marguerite, sans écouter son père, qui lui fait des remontrances, menaçant.

Monsieur de Luny !

MARGUERITE, faisant un mouvement pour se placer entre eux.

Monsieur le comte !

CYPRIEN, l’arrêtant.

Oh ! pas vous, ma mère ! (D’un ton sec en désaccord avec ses paroles.) Je voulais vous prier, monsieur, de ne pas regarder mon refus comme un acte d’ingratitude ; je sais tout ce que je vous dois.

DE LUNY, sèchement.

Il n’y paraît guère, jusqu’à présent.

DES AUBIERS, à de Luny.

Pourquoi lui dites-vous ça ?

CYPRIEN, s’efforçant d’être calme.

M. le comte a raison de me rappeler à mon devoir… il veut que je regrette ma conduite…