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DES AUBIERS.

Allons donc ! parce que, dans le temps jadis… ? Tu crois aux mauvais propos, toi ?

CYPRIEN.

La présidente est une femme décriée que ma mère ne voit pas.

DES AUBIERS.

Ta mère, ta mère !… ça se comprend ; mais mademoiselle Anna !

CYPRIEN.

Mademoiselle Anna est une personne aussi respectable que qui que ce soit au monde.

DES AUBIERS.

Excepté pour toi, cependant ; car tu comptes bien que sa rigueur aura un terme !… autrement…

CYPRIEN.

Père, nous ne nous entendons pas ! je le sentais bien, que nous parlions sans nous comprendre ! Je ne veux pas séduire Anna, moi : je veux la sauver.

DES AUBIERS.

Eh bien !… c’est très-moral, et, si tu renonces à elle, tout devient très-facile : je vais la conduire à notre cousine de Pontvieux, qui a l’honnête manie de faire des mariages, et qui lui trouvera un parti dans les vingt-quatre heures.

CYPRIEN.

Mais je ne veux pas qu’on la marie, moi. Entends-tu, père ? je ne le veux pas.

DES AUBIERS.

Alors, va te promener, tu veux et ne veux pas…

CYPRIEN.

Mon père, je veux… et tu daigneras consentir.

DES AUBIERS.

Et à quoi donc, s’il te plaît ? Te moques-tu ? crois-tu, par aventure, que je sois venu ici pour bénir ton hyménée avec mademoiselle Anna Dubois ? D’ailleurs, est-ce qu’on se marie à ton âge ?