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    Il me dit la plus douce chose
    Que jamais mortel entendit.
    Au réveil, il se contredit,
    Ou bien reste la bouche close,
    Se repaissant de mon dépit.
    Si je veux chanter en cachette.
    Le voilà qui me prend mon chant.
    Sitôt que ma chanson est faite.
    Il me l’emporte en se moquant ;
    Puis il revient et me console.
    Et me parle bien doucement ;
    Il dit : Espère, et puis s’envole,
    Et me laisse là tout pleurant.
    Et je lui passe ses malices.
    Car je me plais à ces tourments,
    Et ma peine fait mes délices…
    Émerveillez-vous, bonnes gens !

(À Jacques qui regarde vers la maison.) Eh bien, sont-ce des vers ?

JACQUES.

Faites-en beaucoup comme cela, et vous fournirez de devises ces personnages de tenture, de la bouche desquels en voit sortir des paroles écrites. Cela s’appelait, dans ma jeunesse, rimer en style de tapisserie.

ROLAND.

Corrigez-moi, au lieu de me railler. La moquerie n’enseigne rien.

JACQUES.

Pour qui sont ces prétendus vers ? De qui êtes-vous amoureux ? Que venez-vous chercher ici ?

ROLAND, piqué.

Vous m’adressez trois questions à la fois ? Je vous ferai donc trois réponses. Mes vers sont pour une femme, je suis amoureux d’une femme, je viens ici pour parler à une femme.

Il va vers la maison.