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TOUCHARD, se levant.

Tu me fais peur, Audrey, avec ta sagesse ; mais, à tout événement, je veux me marier avec toi.

Il cherche à l’embrasser.
AUDREY, passant à gauche.

Qu’est-ce que vous entendez par événement ?

TOUCHARD.

Les événements… les événements, ma chère Audrey, sont ce qui embellit la physionomie des gens mariés. On prétend qu’il y a des riches qui ne connaissent pas la limite de leurs biens ; de même, il y a des maris qui ne connaissent pas la fin de leurs événements. Mais pourquoi redouter cela ? N’y a-t-il que les pauvres qui en aient ? Les plus nobles têtes s’en font-elles faute ? Et, si c’est une mode bien portée, pourquoi s’en priverait-on ? Le front nu d’un célibataire manque de majesté. La grandeur des événements fait les grandes destinées, et les grandes destinées font les grands hommes. Donc, à tout événement, Audrey, je t’épouse.

AUDREY.

Moi ?

TOUCHARD.

Toi !

Il veut l’embrasser.
AUDREY, repassant à droite.

Mais que dira Guillaume ?

TOUCHARD.

Ah ! il s’appelle Guillaume, l’auteur de mes événements ?

AUDREY.

Je ne vous entends point. Guillaume est celui qui me voulait épouser ; mais il n’a point de droits sur moi.

TOUCHARD.

Et… est-il fort, Guillaume ?

AUDREY.

Mais, oui. Il est fort bûcheron pour abattre et dépecer un arbre.