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ACTE TROISIÈME


À gauche, un pavillon de pauvre apparence, entouré de ruines. Arbres et rochers partout. Par une brèche, on voit la forêt. On est sur un site élevé et pittoresque. À gauche, sur le devant, un banc de pierre au pied d’un arbre. Au fond, un ravin, descendant de droite à gauche.




Scène PREMIÈRE


TOUCHARD, assis à gauche et buvant ; AUDREY, debout près de lui.


TOUCHARD.

Certainement, ma chère Audrey, j’aimerais bien la vie rustique, si c’était une vie de citadin. J’aimerais bien la solitude, si l’on y avait nombreuse compagnie. Cette misérable demeure dans les rochers me plairait assez, si c’était un riche palais dans la plaine. La nourriture champêtre conviendrait à mon estomac, si c’était une table princière. Enfin, je ferais mes délices de ta conversation, si tu étais un peu poétique.

AUDREY.

S’il vous plaît, vous dites ?

TOUCHARD.

Franchement, je regrette que les dieux ne t’aient pas faite poétique, Audrey.

AUDREY.

Je ne sais ce que c’est que poétique. Ce mot-là veut-il dire honnête en actions et en paroles ? Est-ce un mot qui marque la sincérité ?

TOUCHARD.

Non, la poésie n’est que fiction, c’est-à-dire mensonge.

AUDREY.

En ce cas, grand merci ! Je prie Dieu de ne pas m’envoyer ce défaut-là. J’aime mieux être sage.

Elle s’éloigne à droite.