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DUBUISSON.

Oui, oui, ce monsieur qui n’a que son nom, son rang et des dettes, et qui prétend à ma fille…

HENRI.

Permettez ! il a aussi sa laideur et son âge ! C’est un capital considérable !

DUBUISSON, riant.

Oui, oui, un œil de moins et un capital entre cinquante et soixante ans. (À part.) Il est gentil ! il est drôle ! (Haut.) Méchant comme un diable avec ça ! Vous pensez si elle est pour son nez, ma fille !

HENRI, railleur.

Si mademoiselle votre fille tient de vous…

DUBUISSON.

Elle est gentille, et, moi, je suis laid, aussi laid que le duc.

HENRI.

Ah çà ! mais il est dans ce pays-ci, le duc ! Il chasse aux environs, m’a-t-on dit ?

DUBUISSON.

Oui, c’est une manière de se faufiler chez nous ; il y perd son temps ; mais il se trouve qu’il nous a parlé de vous.

HENRI.

Et il vous a certainement dit du mal de moi ?

DUBUISSON.

Non, mais je sais qu’il en pense. Dame ! il est vieux, pauvre, désagréable… Il avait pourtant une maîtresse assez gentille, et vous la lui avez soufflée…

HENRI, se levant.

Plus bas, monsieur, je vous prie !

DUBUISSON, se levant aussi.

Ah ! oui ; à cause de la demoiselle de la maison d’ici… Vous lui en contez donc aussi, à mademoiselle Françoise ? Il paraît que vous êtes un séducteur ?

HENRI.

Non, monsieur ; je suis l’ami respectueux de mademoiselle Françoise Laurent, et les incidents de ma vie légère ne doi-