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LE CHANTEUR.

Je ferai mon possible, mais je crains de ne pouvoir trouver un son.

Il accorde son luth.
JACQUES.

Va toujours, nous connaissons ces manières-là.

LE CHANTEUR, d’une voix de tonnerre.

      Le houx ! le houx ! oh ! le houx vert !
      Soufflez, soufflez, vents de l’hiver !

JACQUES.

Diable ! j’aimerais mieux ouïr la tempête, J’aurais dû m’attendre à cela, puisque tu prétendais avoir perdu la voix.

LE CHANTEUR.

Le houx, le houx !…

JACQUES.

Assez, assez, mon ami, je te rends grâces. Va chanter à une lieue de moi.

LE CHANTEUR.

Mais, monsieur, vous m’avez prié de chanter…

Chantant.

Soufflez, soufflez…

JACQUES, se levant et lui donnant de l’argent.

Tiens, tiens, braillard ! voilà pour te taire. Attends au moins, pour chanter la froidure, que l’été soit passé.

LE CHANTEUR.

Je vous remercie ; je vous jouerai l’air sur mon luth.

JACQUES.

Oui, en t’en allant. Décidément, je n’aime la musique que de très-loin.

Le chanteur sort, et on l’entend jouer sur son luth, pendant le monologue de Jacques, un air simple et rustique. Le son va se perdant.