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JACQUES.

Sans doute !… sans doute !… mais, à défaut de jugement, de telles cervelles ont à leur service mille arguments de sentimentalité féminine… Bref, elle nous a suivis ; elle est toujours près d’ici, dans ce pavillon à demi ruiné, qui m’appartient, et où j’ai établi le père d’Audrey, mon ancien serviteur. Là, nous l’avons décidée à ne pas se montrer avant que le duc ait consenti à la recevoir, et nous l’avons laissée bien penaude, commençant à réfléchir.

AMIENS.

Je vois que c’est une personne fantasque. Sans doute, elle vous a fait bien enrager en route ? Elle a eu mille caprices, mille frayeurs ?…

JACQUES.

Non pas précisément ; elle a même montré plus de courage et de patience que je n’en attendais d’une femme habituée aux mollesses de la vie… On ne peut pas dire qu’elle manque d’une certaine amabilité… mais, en somme, je suis fort aise d’être délivré de cette compagnie. Le métier de servir les dames ne me convient plus, et il me tarde fort de me jeter dans les bras de ma chère maîtresse, madame Solitude !

Il passe à gauche.
AMIENS.

C’est me dire de vous laisser à vos rêveries.

JACQUES.

N’en soyez point offensé. Vous aimez la discussion, et, moi, je la déteste !

AMIENS.

Vous aimez pourtant à contredire.

JACQUES.

J’aime encore mieux me taire.

AMIENS.

Et vous ne nous rejoindrez pas à la chasse ?

Il va reprendre à droite son attirail de chasse.