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plaisir. Devant la cour, je dois soutenir ma réputation. Vous comprenez qu’il m’est impossible de faire quartier et de laisser sortir de mes mains un seul champion sans lui avoir au moins brisé un membre. Je vous prie donc de détourner le jeune homme de son dessein. Il est d’une complexion trop tendre pour moi, et je serais fâché de vous l’abîmer. Mais j’ai mon honneur à garder, et lé dévouement que j’ai pour vous m’oblige à vous avertir.

OLIVIER, lui tapant sur l’épaule.

Je t’en remercie, mon bon Charles, et tu peux compter sur une bonne récompense… quoi qu’il arrive ! Je savais le dessein de Roland, et j’ai tout fait pour l’en détourner ; mais ce jeune vaurien est le plus détestable entêté de France.

CHARLES.

Lui ? C’est donc…

OLIVIER.

Je ne peux pas tout te dire, il est mon frère ! D’ailleurs, sa malice est tellement noire, qu’elle te ferait dresser les cheveux sur la tête, et que je n’en puis parler moi-même sans que les larmes me viennent aux yeux. Je dois pourtant t’avertir que, si lu ne lui casses qu’un doigt, tu pourras bien te repentir de ne lui avoir pas rompu le cou. Il se vengera de son humiliation par tous les moyens ; il forgera quelque traîtrise, il t’attirera dans quelque piège, il ne reculera pas même devant le poison !… Tu comprends tout ce que Je renferme en moi-même, il est mon frère ! Je suis forcé de te parler de lui avec indulgence ; mais, si je te dépeignais toute sa scélératesse, tu pâlirais d’effroi autant que je rougis de honte.

CHARLES.

Diantre ! je suis aise de vous avoir parlé. Allons, s’il cherche son mal, il aura son compte, et, si je vous le renvoie sans béquilles, je veux ne jamais disputer le prix de la lutte.

Il remonte au fond et ses aides viennent le préparer à la lutte.
OLIVIER., à part.

Ah ! mon jeune coquin, vous en voulez tâter ! Nous verrons si, demain, l’on dira encore de vous que vous êtes plein de