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BERNARD.

Ainsi, vous ne me direz rien de bon encore aujourd’hui ! C’est comme ça que vous commencez à tenir vos promesses ?

EDMÉE.

C’est à vous de m’en rendre l’exécution facile ou pénible.

BERNARD.

Et je vous la rends pénible ?

EDMÉE.

Votre cœur a de bons mouvements, Bernard ; mais ils durent peu, et à peine vous a-t-on tendu la main avec confiance que vous dites ou faites quelque chose qui force de la retirer avec effroi. Allons ! courez à la chasse, c’est votre heure, et vous avez besoin d’exercice.

Elle s’assied sur le banc.
BERNARD.

Non ! je n’irai pas aujourd’hui, puisque votre amoureux est à la maison : pas si sot !

EDMÉE.

Mon amoureux ! le mot est fort convenable ! Tenez, vous m’impatientez cruellement !

BERNARD.

Oh ! nous y voilà ! Vous espériez que je lui laisserais le champ libre ? Vous l’attendez ici, n’est-ce pas ? Il y va revenir ? C’était convenu de l’œil ; eh bien, en attendant qu’il essaye de me jouer ce tour-là, je vous tiendrai compagnie. (Il s’assied aussi.) Vous n’auriez qu’à vous ennuyer toute seule !

EDMÉE, se levant.

Attendez-le donc, je vous laisse…

BERNARD, avec douleur.

Vous me quittez ? (Il se lève avec colère et lui prend le bras.) Eh bien, moi, je ne le veux pas !…

EDMÉE, indignée.

Prenez garde à ce que vous dites, Bernard ! prenez garde à ce que vous faites !

BERNARD.

Ah çà ! je vous fais donc peur ?