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de tables et de siéges, et de quelques écuelles et cruches de terre. Une vieille lampe de fer est accrochée au-dessus de la cheminée.




Scène PREMIÈRE


PATIENCE, M. AUBERT.


Ils sont assis sur des souches près de la cheminée. Patience, grossièrement et pauvrement vêtu d’une culotte brune, d’une chemise jaunâtre et de gros sabots ; M. Aubert, costume noir.


PATIENCE, tenant un livre.

Dire que j’ai la tête dure comme une pierre, et que, malgré tant de leçons que vous m’avez données, je n’ai jamais pu apprendre à lire ! Non, c’est chose impossible, quoi ! quand il faut voir des lettres rangées là dessus, des mots, du blanc, du noir, ça me fait chavirer la cervelle, je pense à autre chose, et je m’aperçois que je voudrais deviner au lieu d’apprendre. (Il referme brusquement le livre. — M. Aubert se lève.) Mais qu’est-ce que vous écoutez donc, monsieur Aubert ? est-ce que vous pensez encore à vous en aller ?

M. AUBERT, qui a levé la tête vers la fenêtre.

Je vois que c’est impossible. La nuit est trop noire. (Il regarde sa montre.) Savez-vous, mon cher Patience, qu’il y a six heures que l’orage me retient ici ? (Remontant sa montre.) Il est près de minuit.

PATIENCE.

Ah ! vous comptez, vous mesurez le temps ; vous vous ennuyez dans la compagnie du pauvre vieux solitaire de la tour Gazeau.

M. AUBERT.

Vous ne le croyez pas, mon ami ! Depuis que je suis attaché à M. le chevalier de Mauprat, ai-je passé plus d’une semaine sans venir causer longuement avec vous ?

PATIENCE.

Par bonté !