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BERNARD.

Ah bien, oui, sauvée ! Pauvre vieux chevalier ! il se prend à quelque piège !…

EDMÉE.

Un piège ? Oh ! oui, mon Dieu, je comprends ! Ils m’ont amenée ici pour l’y attirer ! Ils le redoutent ! ils vont le tuer ! Allez empêcher cela, Bernard ! (Elle tombe à ses genoux.) Dites-leur d’épargner mon père… mon père, qui vous aime sans vous connaître, qui a tant pleuré sur vous !

BERNARD, la contemplant d’un air sombre.

À genoux, devant moi ? Levez-vous donc ! ça me gène, ça me trouble, de vous voir à genoux !

EDMÉE.

Non, non ! jurez-moi…

On frappe violemment à la porte ; Edmée, effrayée, se relève.
LAURENT, en dehors.

Bernard ! êtes-vous là ? Ouvrez !… venez !

BERNARD, ouvrant le guichet de la porte.

Qu’est-ce que vous voulez ? me disputer cette proie ? (Laurent secoue la porte.) Oh ! c’est inutile, elle m’appartient.

LAURENT, dehors.

Il s’agit bien de ça ! on nous attaque ! Louis vient d’être tué !

BERNARD.

Soyez tous tués comme des chiens, si j’en crois un mot ! Est-ce le vieux Hubert qui nous attaque, dites ?

LAURENT, dehors.

Non, c’est la maréchaussée ; ouvrez !

BERNARD.

Et, moi, je me méfie ! Allez-vous-en… Je vous suis ! (Revenant et prenant sa carabine, qu’il commence à charger. — À Edmée.) Eh bien, votre père n’y est pas : vous voilà tranquille, je pense ?

EDMÉE.

Merci, mon Dieu ! mais, moi, que vais-je devenir ? (Nouvelle décharge de mousqueterie.) Ne me quittez pas, Bernard ! vous