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STÉPHENS.

Voyons, Lucie, ne tremblez pas. Votre pâleur est un reproche qui me désespère… et m’exaspère ! Je vous respecte, oh !… comme vous le méritez ! Je jure, je proteste…

LUCIE.

Alors, monsieur, remettez à me parler en présence de Daniel ou d’Adrien. Tenez, il vous demandait, Adrien, il vous attend.

STÉPHENS, s’asseyant.

Non, je ne veux pas voir Adrien. Je lui ai écrit des choses… qu’il lira quand nous serons partis, et que je vous dirai quand vous serez ma femme. (Il tire une lettre de sa poche.) C’est un secret… un grave secret qui vous concerne.

LUCIE.

Moi ?

STÉPHENS.

Vous, Lucie ; sachez seulement que je viens de voir madame Charlotte, qu’elle ne vous reprendra jamais avec elle, qu’Adrien ne peut pas et ne doit pas vous garder chez lui…

LUCIE.

Pourquoi donc, puisqu’il consent ?…

STÉPHENS.

Quand il aura lu ceci, il comprendra que c’est impossible, à moins que…

LUCIE.

À moins que ?…

STÉPHENS.

Je ne veux pas m’expliquer ; ce n’est pas de lui, c’est de moi que je vous parle. Vous voilà sans appui, sans famille, sans ressources, et, moi, toute ma vie, j’ai cherché une femme pure et belle, qui put me devoir tout sans avoir jamais songé à me rien demander. Je la rencontre, c’est vous. Donc, je vous emmène et je vous épouse.

LUCIE, se levant.

Allons, monsieur, c’est une plaisanterie et une divagation, et ni l’une ni l’autre n’est de mon goût.