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Scène X


LUCIE, STÉPHENS.


LUCIE.

Excellent homme ! Que ne suis-je sa fille, à lui ! personne ne m’en ferait un reproche. (Elle pose sa bougie sur la table et s’assied pour travailler.) Mais aussi je ne serais pas la sœur d’Adrien ! Sa sœur ! que ce mot me semblerait doux ! mais il ne sortira jamais de ses lèvres !

Elle travaille.
STÉPHENS, qui s’est levé et qui la contemple, le dos appuyé à la cheminée.

Mademoiselle !

{{personnageD|LUCIE|c|effrayée. Ah !… comment donc êtes-vous ici, monsieur ?

{{personnageD|STÉPHENS|c|apportant une chaise. Lucie, écoutez-moi, ne criez pas, n’ayez pas peur ; le temps presse, accordez-moi ce que je vais vous demander.

Il se met gravement à ses genoux.

{{personnageD|LUCIE|c|avec candeur. Mon Dieu ! monsieur, qu’est-ce donc ? Levez-vous, parlez !

STÉPHENS

Pas avant que vous m’ayez promis une chose d’où dépend mon bonheur et ma vie.

{{personnageD|LUCIE|c|étonnée. S’il dépend de moi de vous rendre un service… et si…

STÉPHENS, se relevant.

Vous consentez ? Oh ! Lucie, je vous adore, je vous idolâtre ! Eh bien, voici ce qui m’amène : je veux vous enlever ! et voici ce que je vous demande : laissez-vous enlever par moi.

LUCIE, stupéfaite.

Enlever ? (À part.) Ah ! mou Dieu ! c’est un fou !