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LUCIE.

À moi ? Bien au contraire, monsieur !

Demi-nuit. — Daniel ferme les rideaux de la porte vitrée.
ADRIEN, s’asseyant près de la cheminée.

Ah çà ! vous m’appelez monsieur, quand, moi, je me permets de ne pas vous appeler mademoiselle… Je sais bien que je suis l’aîné, mais ce n’est pas une raison…

LUCIE, assise sur un escabeau.

Oh ! je n’oserais pas vous appeler autrement.

ADRIEN.

Pourtant…

DANIEL, qui les écoute attentivement tout en enlevant le couvert.

Comment donc voulez-vous qu’elle dise ?

ADRIEN.

Qu’elle dise Adrien, comme je dis Lucie, (a Lucie.) Me le promettez-vous ?

LUCIE.

J’essayerai, monsieur… j’essayerai, Adrien ! (À part.) Adrien ! le joli nom à dire !

ADRIEN.

Voyons, bonne Lucie, j’ai à me plaindre de votre mère ; mais elle est votre mère, et nous ne parlerons jamais d’elle. Soyons amis, vous et moi, pour le peu de temps que j’ai à rester ici.

LUCIE, tressaillant.

Vous ne restez pas ici ?

ADRIEN.

Eh ! mais non. Je suis dans la marine, et ce n’est pas ici que je peux faire mon chemin.

LUCIE.

C’est donc bien beau, la marine ?

ADRIEN, riant.

Oh ! c’est très-beau ! un peu rude, par exemple ; la mer est une amie très-perfide.