Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée




Scène XI


BERNARD, EDMÉE.

Edmée, inquiète, est allée vers la fenêtre ; Bernard se lève avec effort, ses jambes sont avinées. Il va placer la barre à la porte du fond ; puis, essayant de rassembler ses idées et parvenant à raffermir ses jambes, il va fermer en dedans la porte de côté. Au bruit, Edmée se retourne et le regarde avec étonnement sans le comprendre.

BERNARD, à moitié ivre et se donnant de l’aplomb.

Bonjour, ma belle enfant !

EDMÉE, pétrifiée de surprise, regarde autour d’elle s’il y a quelque autre personne à qui ces paroles s’adressent.

À qui donc parlez-vous, monsieur ?

BERNARD.

À vous, mademoiselle.

EDMÉE.

Que me voulez-vous ?

BERNARD, troublé.

Moi ? Rien ! (s’enhardissant.) Si fait ! Je veux vous dire que je vous trouve charmante, aussi vrai que je m’appelle Bernard Mauprat… pour vous servir !

EDMÉE, tressaillant.

Bernard Mauprat ! Vous êtes Bernard Mauprat, vous ? En ce cas, changez de langage : vous ne savez donc pas à qui vous parlez ?

BERNARD.

Tudieu ! quels airs de fierté ! Ma foi, non, je ne le sais pas ! mais, en vous voyant ici, je le devine.

EDMÉE.

Si vous le devinez, comment est-il possible que vous me parliez sur ce ton et le chapeau sur la tête ? (Bernard fait le mouvement d’ôter son chapeau, hausse les épaules et le renfonce sur sa tête.) On m’avait bien dit que vous étiez mal élevé, et pourtant j’avais toujours souhaité de vous rencontrer.