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l’éternel adieu !… Mais sa volonté ! je me la rappelle bien ! elle était écrite de sa main, je la vois encore !…

KELLER, effrayé.

Où donc ?

MARIANNE.

Hélas !

HERMAN, impétueusement.

Mais c’est la vérité qu’il nous révèle ! Cherchons cette preuve.

JULIETTE, allant à son père.

Non ! non ! vous voulez donc le tuer ? Que nous importe… ?

FAVILLA, repoussant un peu Juliette, qui veut le calmer.

Oh ! il importe, à moi, de ne pas être un insensé !… un fou !… C’est affreux, cela : on n’est plus rien, on n’est pas un homme, on n’est plus digne d’être époux et père ! Non, non ! je ne veux pas être fou !… Je retrouverai… je dirai… Mon Dieu ! mon Dieu !… quel travail, quelle angoisse ! Un timbre sonne lentement huit heures.

MARIANNE.

Favilla, n’y pense plus, au nom du ciel ! songe à l’heure qui sonne… à la promesse, à ton art !

FAVILLA, écoutant sonner l’heure.

Oui ! c’est l’heure solennelle… Écoutez ! c’est l’ange de la mort qui passe sur nos têtes pour nous dire : « Songez à ceux qui ne sont plus ! » Obéissons ! (Il fait signe à Frantz d’introduire les musiciens, qui viennent silencieusement ; à Anselme, qui lui présente son violon.) Donne ! (Frantz va au fond et fait signe à l’orchestre qui est dans la galerie ; Favilla prend son archet, hésite et s’arrête.) C’était…

MARIANNE, lui rappelant.

L’air de Hændel !

FAVILLA, faisant à plusieurs reprises le geste d’attaquer le violon.

Je le sais bien… (Marianne va pour chanter le morceau.) Mais… tais-toi !… oui… Eh bien… c’est étrange !

MARIANNE, vivement.

Qu’as-tu ?