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impose. Fais seulement un effort, non pas pour ressaisir des souvenirs pénibles, mais pour te laisser guider par nous. Ne t’effraye pas d’avoir été trompé. Vois dans nos yeux si l’amour et le respect que nous te portons ont diminué dans cette épreuve. Non, non, va ! nous te chérissons plus que jamais, nous te vénérons davantage, s’il est possible ; car, en te croyant riche et puissant, tu as montré tous les trésors de bonté, tous les généreux instincts que ton âme renferme !

ANSELME, s’inclinant vers lui avec respect et tendresse.

Oui, mon père, vos enfants n’ont jamais été plus fiers de vous.

JULIETTE, à ses genoux.

Et plus heureux de vous obéir !

HERMAN, prenant la main de Frantz.

Et vos amis…

FAVILLA.

Merci… merci, à vous tous, nobles cœurs !

KELLER.

Eh bien, et moi ? C’est moi qui vous sauve ; car, sans moi…

FAVILLA, se levant avec fermeté.

Sans vous, Keller, je croirais encore à l’existence d’une preuve… qui, je le vois, a disparu.

KELLER.

Quand on vous dit qu’il n’y a jamais eu… Allez-vous recommencer ?

MARIANNE, à Anselme, regardant Favilla.

Oh ! mon Dieu, il persiste !…

FAVILLA, rêveur.

Qui donc peut l’avoir perdue ?… Moi seul ! car tu l’as vue, cette preuve, Frantz ! (Frantz fait signe que non, d’un air triste.) Tu l’as vue ! non ?… Pourtant elle était dans ma main… C’est alors que, voyant ses lèvres blanchir et ses yeux s’éteindre… Je ne sais plus, moi, ce que j’ai dit, ce que j’ai fait !… Oh ! oui, dans ce moment-là, ma tête s’est égarée… il m’a dit un mot, un dernier mot… Ah ! ce mot ! il m’a foudroyé ! c’était