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que vous n’ayez pas tort contre lui ! Rentrez en vous-même, priez-le d’oublier votre emportement… ou je jure… quoi qu’il m’en coûte, que je vengerai l’affront…

ANSELME.

Je n’ai point affaire à vous, monsieur !

HERMAN, sévèrement.

Oh ! vous savez bien qu’on peut toujours contraindre un homme de cœur…

KELLER.

Toi, je te défends…

FAVILLA, qui est entré sans bruit, absorbé en lui-même, d’abord, à la vue des préparatifs de la Sainte-Cécile, et puis attentif peu à peu à ce qui se passe.

Je vous défends à tous de dire un mot de plus : Anselme, si vous avez offensé à tort un homme plus âgé que vous, un homme qui est notre hôte, c’est à moi, qui suis calme, de lui demander pardon pour vous. Voyons, êtes-vous coupable au point de ne pouvoir réparer vous-même… ? Au moins, vous pouvez me dire le motif de votre colère ; vous le devez !

KELLER.

C’est moi qui vous le dirai, maestro, puisqu’en somme, c’est encore vous le plus raisonnable pour le moment. Moi-même, j’ai été un peu léger peut-être…

ANSELME, à Keller, en passant vivement derrière lui.

Quoi ! vous oseriez… ?

KELLER.

Et pourquoi donc pas ? C’est vous qui voulez faire de rien une grande affaire… Mais je ne mords pas à ça, moi ! (À Favilla.) Voilà ce que c’est !… je causais avec votre femme. Je lui parlais… de choses et d’autres… Ne s’est-elle pas imaginé… ? (Favilla, par un mouvement de délicatesse, éloigne Herman, qui déjà, de lui-même, se tenait au deuxième plan.) Elle m’a dit un mot blessant, j’ai eu de l’humeur, je l’ai traitée de prude. Je crois que j’ai lâché ce mot-là, j’ai eu tort ; mais ce n’est pas à monsieur votre fils que j’en demanderai pardon, par exemple !… Il a des façons peu civiles, j’ose dire !… Moi, je suis