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MARIANNE.

Vous voyez bien, monsieur, que j’avais compris, et ce qui eût dû vous le prouver, c’est mon empressement à quitter votre maison.

KELLER, avec une certaine fatuité.

Ah ! alors, ce n’est pas à cause de mon fils ?… c’est à cause de moi ?…

MARIANNE.

C’est pour ces deux causes, monsieur ; l’une, dangereuse ; l’autre,… je ne veux pas dire outrageante, mais ridicule !

KELLER, avec dépit.

Outrageante !… ridicule !… Voilà les gros mots, tout de suite ! Qu’est-ce qu’il y a donc de ridicule à rendre hommage à la beauté ? On n’est pas un homme immoral pour cela, et je ne vous ai fait aucun outrage ; je n’ai pas de mauvaises manières… avec les personnes distinguées ; je me suis exprimé délicatement… très-délicatement ! Et, ma foi ! vous vous gendarmez bien mal à propos, je trouve.

MARIANNE, haussant les épaules.

Ne parlez pas si haut, monsieur, on pourrait vous entendre !

KELLER.

Eh bien, dirait-on pas que je dois avoir peur de quelqu’un ? Il y aurait là cent personnes, que je vous dirais devant elles… (Marianne s’en va) que vous faites, ma foi, la prude bien mal à propos !


Marianne est sortie par la gauche, sans écouter la fin de la phrase et sans voir Anselme, qui entre par le fond.




Scène V


KELLER, ANSELME.


KELLER, très-animé, continuant sans voir Anselme.

Et moi, je n’ai que quarante-cinq ans… je ne suis pas plus mal qu’un autre. On peut bien sans pour cela