Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/29

Cette page n’a pas encore été corrigée

JEAN, railleur et doucereux.

Il n’y a que lui-même qui ait voulu en douter.

BERNARD.

Vraiment, monsieur mon oncle ? Comptez-vous, pour m’endormir, sur vos belles, paroles ? Je vous connais, allez ! jamais vous ne voulez plus de mal aux gens que quand vous en dites du bien ; mais prenez garde à moi, je suis encore un Mauprat Coupe-Jarrets, et un rude !

JEAN.

Vous le prouverez ce soir, s’il y a lieu.

BERNARD.

Possible.

Il boit.
ANTOINE.

Eh ! ce n’est plus le moment de tant boire !

JEAN, à Léonard, qui veut ôter la cruche des mains de Bernard.

Laissez-le se contenter… Le vin est sa seule passion, puisqu’il n’aime ni le jeu, ni le pillage… ni les femmes !

BERNARD.

Les femmes ? vous croyez que j’en ai peur ? Ah ! ah !

Il rit d’un air égaré.
JEAN.

Si ce n’est pas de la crainte, c’est donc du dégoût ?

BERNARD.

Du dégoût ? Eh bien, vous l’avez dit… Toutes celles que vous amenez ici, de gré ou de force, sont des lâches ou des effrontées ; mais patience, messieurs les Mauprat !… celle qui me plaira, vous ne la verrez jamais, ou bien… je briserai le plus fort d’entre vous… comme cela !

Il brise la cruche.
ANTOINE, prenant sa carabine.

C’est trop d’insolence ! J’ai envie d’en finir avec cet ivrogne !

JEAN, à Antoine, l’arrêtant.

Non, non ! Je suis bien aise de savoir où le bât le blesse… (À Bernard.) Ainsi donc, Bernard, tu prétends avoir une maî-