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HERMAN, avec joie, à part.

Quelqu’un ?… Oh ! mon Dieu ! si c’était…

ANSELME, sévèrement.

Taisez-vous, monsieur !

KELLER, à son fils, avec bonté.

Eh ! oui, tais-toi donc !

FAVILLA, à Herman.

Oui, tais-toi, Herman ! j’ai compris.

JULIETTE, éperdue, dans les bras de son père.

Oh ! ne croyez pas…

FAVILLA, avec une douceur paternelle.

Que je ne croie pas… ? Et tu pleures !… Allons, allons, Keller, il ne faut pas faire le malheur de ce que nous avons de plus cher au monde. Confiez-nous Herman, il voyagera avec nous.

KELLER.

Avec vous ? Eh bien, par exemple !…

FAVILLA, après une pause, à Keller.

Vous ne voyez donc pas ? vous ne comprenez donc rien ?…

KELLER.

Si fait ! mais…

HERMAN.

Mon père !…

Anselme l’interrompt en lui saisissant le bras avec autorité.
FAVILLA.

Keller, je vous devine ! (À Anselme, qui veut parler.) Tais-toi ! Vous êtes tous des enfants ! Vous vous imaginez qu’il y a des obstacles… (souriant) invincibles ! n’est-ce pas ? Ah ! Keller, vous me jugez par vous-même ! vous croyez que vous ne pouvez pas prétendre… parce que je suis baron, parce que je suis riche ?… Pourquoi donc ça ? Je ne suis pas plus noble que vous, et, quant à la fortune… si j’en ai davantage… oui, il paraît que ma baronnie vaut mieux que votre commerce, vous le dites quand vous êtes de bonne humeur ; eh bien, tant mieux, votre fils n’aura rien à envier au mien ! et sachez que ç’a été mon idée dès le premier jour que je l’ai vu. Oui, oui !