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JEAN.

Fort bien ! C’est là que je l’attendais… Bernard, tu nous trahis ! c’est toi qui as donné le mot à nos ennemis pour nous cerner ce soir.

BERNARD.

Moi ?

JEAN.

Toi ! et je te dénonce…

LÉONARD.

C’est faux !… si nous sommes en danger, il restera.

Bernard serre avec énergie la main de Léonard et se rassied.
ANTOINE.

Nous sommes cernés, Marcasse te l’a dit ?

JEAN, bas.

Non ; mais, comme nous pourrions l’être d’un moment à l’autre… (haut), allez tout préparer et choisir vos postes.

LÉONARD.

Oui, oui ! que tout soit prêt en cas d’alarme.

ANTOINE.

Tu te chargeras de pointer la coulevrine ?

JEAN.

Comment donc ! c’est mon plus grand plaisir. (Aux vassaux.) Allez, mes enfants, je suis à vous ; j’ai envoyé faire une reconnaissance ! si l’ennemi renonce à son idée, vous reviendrez ici, et nous boirons jusqu’au jour.

LES VASSAUX, en sortant.

Vive Mauprat !

JEAN, à Tourny, qui reste le dernier.

Ah ! ah ! mon garçon ! ce sera ton premier exploit !

TOURNY.

J’en suis content, monsieur ! (À part.) J’ai bien soupé… j’ai obéi à mon père. On va se cogner… j’vas obéir à ma ma mère !

Il s’esquive par le fond.
LÉONARD, regardant Bernard, qui est absorbé.

Je vous le disais bien, que notre Bernard avait du cœur.