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MARIANNE, montrant la gauche.

Là, dans la serre. Elle choisit des fleurs pour ce soir ; oh ! je ne la perds pas de vue… Et toi non plus, à ce qu’il parait ?

ANSELME.

Moi ? Non.

MARIANNE.

Si fait, tu as remarqué quelque chose, puisque tu me demandais…

ANSELME, remontant le pupitre au fond.

Non, vrai, je n’en sais rien ;… mais je crains… je m’imagine…

MARIANNE.

Et tu as raison ; Herman aime ta sœur. C’est de cela justement que je venais te parler. Ah ! quelle angoisse, mon enfant ! N’était-ce pas assez pour moi d’avoir à veiller sur ton pauvre père !

ANSELME.

Mais mon père n’est plus malade, physiquement du moins ; le trouble moral semble se dissiper…

MARIANNE.

Oui, à la condition qu’on n’en réveillera pas la cause. Mais, ce matin encore, à propos de la Sainte-Cécile, j’ai essayé de ramener son esprit ; il a fait de grands efforts de mémoire… il ne paraissait pas souffrir. Tout à coup il est devenu pâle, il a eu un tremblement nerveux… J’ai cru qu’il allait s’évanouir encore ! Je me suis empressée de le distraire ; mais je vois bien que le moment n’est pas encore venu ! Et puis que faire ? où aller ? Sans état, sans ressources…

ANSELME.

N’as-tu pas les miennes ? C’est de quoi faire le voyage, nous établir et attendre.

MARIANNE.

Hélas ! faut-il te dépouiller… ?

ANSELME.

Mère ! tu ne l’as plus, ce que je t’ai apporté ! Si tu l’avais