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Scène PREMIÈRE


KELLER, HERMAN, FRANTZ.


Keller est assis à gauche, près de la croisée. Il regarde dehors d’un air ennuyé, en fumant sa pipe. Il a une toilette assez négligée. Herman, en habit du matin assez élégant, mais rappelant l’étudiant allemand, est assis à la grande table, tourne le dos au public. Frantz est devant lui, tenant des in-folio.

FRANTZ.

Tout ce désordre vient de ce que l’on ne s’occupait plus guère ici que de musique dans les dernières années de sa vie. Les partitions, les gravures, les atlas, tout cela se trouve mêlé, mais rien ne manque !

KELLER.

Oui, oui, il se ruinait en musique, le cher homme !

FRANTZ, étonné.

Il se ruinait ?…

KELLER.

N’avait-il pas une bande de musiciens à gages ?

FRANTZ.

Mais, monsieur, son orchestre se composait de ses fidèles serviteurs et d’honnêtes artisans de la paroisse.

KELLER.

Oui, vous jouez tous de quelque chose, dans ce pays-ci. Mais cette famille d’Italiens qui est encore là, dans le château ?

FRANTZ.

Ils vont partir, monsieur.

KELLER.

Est-ce que tu les as vus, toi ? On ne les aperçoit pas plus que s’ils étaient morts, et on ne les entend pas davantage.

HERMAN.

Je ne les ai pas encore rencontrés non plus.