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une brillante journée de mon existence ! (Prenant la figurine qu’il pose sur la table, et devant laquelle il s’agenouille sans savoir ce qu’il fait.) Pauvre petit danseur de tarentelle ! pauvre jouet d’enfant ! j’étais encore heureux, j’espérais encore, j’étais enfant moi-même ce matin, en t’achevant ! je chantais… (Il chante.) Sans nul souci… (Parlant dans une sorte de délire et se relevant avec brusquerie.) Eh bien, je la danserai un de ces jours au pied du Vésuve, la tarentelle ! Une belle danse, messieurs ! bien philosophique !

Il chante en secouant le tambour de basque.

    Dansez, pêcheur napolitain,
    Sans nul souci du lendemain.
    Dansez, pêcheur napolitain ;
    Volcans et mers grondent en vain…

RITA.

Ah ! il chante ! il est content de partir !

FLAMINIO, avec une exaspération croissante.

Comment donc ! qui en doute ?

Il chante.

    Quand le rivage tremblera,
    Adieu la ritournelle !
    Le grand fanal
    Éclairera
    Un autre bal
    Final !

GÉRARD.

Flaminio, voyons, vous souffrez trop, ne partez pas ainsi.

FLAMINIO.

Moi ? Allons donc ! j’ai le caractère faible, c’est vrai ; mais j’ai pour moi le raisonnement ! ça console de tout, voyez plutôt.

Chantant et entraînant Rita.

    Dansez, dansez la ritournelle.
    Dansez-la, dansez, dansez-la.

Sa voix éclate en sanglots, il tombe évanoui sur le canapé.