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RITA.

Grand’chose ! j’ai ouvert, j’ai sauté, je suis tombée, je me suis relevée.

FLAMINIO.

C’est pour ça qu’elle a les mains en sang.

Il lui donne un mouchoir.
GÉRARD, à Flaminio ; ils descendent.

Voyons, que s’est-il passé entre vous et… ?

FLAMINIO.

Une scène affreuse, mon cher !… (À Rita.) Ah çà ! toi, fais-moi le plaisir de t’asseoir là, et de n’en pas bouger. (À Gérard après avoir fait asseoir Rita à l’autre bout de la chambre.) Elle est partie offensée, désespérée, sans me donner le temps…

GÉRARD.

Croyez-vous qu’elle en reviendra ?…

FLAMINIO.

Sans doute ! elle a l’âme trop juste…

GÉRARD.

Juste… juste ! Elle est comme vous, elle a l’âme grande et le caractère faible. Ne voyez-vous pas combien elle est portée au doute ? Et n’avez-vous pas déjà senti que, du doute à l’outrage, il n’y a qu’un pas, comme il n’y en a qu’un ensuite de l’outrage au mépris ?

FLAMINIO, après un moment de silence.

Que faire ? si je me brûlais la cervelle ?

GÉRARD.

Parlez-vous sérieusement ?

FLAMINIO.

Très-sérieusement. Vous voyez, je ne suis pas gai du tout.

GÉRARD.

Le suicide ? Dans cette phase de sa passion, elle pourrait bien suivre votre exemple. Appelez-vous cela une solution ?

FLAMINIO, passant de l’abattement à l’agitation.

Que faire ? dites donc ! que faire ?