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LE DUC.

Il a été gondolier dans la maison Palmérani. Bah ! à quel âge ? il avait douze ou treize ans ! Et savez-vous pourquoi on l’a congédié, le pauvre enfant ? Parce qu’il m’apportait chaque jour son dîner en échange des leçons de français que je lui donnais dans la soirée… car moi-même qui vous parle… Mais il ne s’agit pas de moi. Sachez qu’un barcarolle n’est pas un laquais ; et, quant au reste…

SARAH, avec amertume.

Oui, le reste ! une vie de désordre et d’infamie !

LE DUC.

Bah ! le désordre ! Quel ordre voulez-vous qu’on ait quand on ne possède rien ? Quant à l’infamie… après ce que vous venez de lui voir faire… Ma foi, milady, vous êtes plus méfiante que moi, et pourtant vous n’avez pas mon expérience ! Eh bien, moi, je vous dis que la Palmérani en a menti, comme une folle et une jalouse qu’elle est.

SARAH.

Jalouse ! oui, on doit l’être quand on aime… Mais avilir ce qu’on aime !

LE DUC.

Dame ! c’est pour en dégoûter les autres ! Le moyen n’est pas nouveau ; mais il est toujours diabolique.




Scène XII


Les Mêmes, LA PRINCESSE, GÉRARD, FLAMINIO, sortant du second salon.


LA PRINCESSE, à Flaminio, haut.

Ainsi, c’est décidé ! Vous refusez mes voitures, vous refusez la compagnie de M. de Kologrigo ; mais vous partez tout de suite. Vous m’en donnez votre parole devant témoins.

GÉRARD, à Flaminio.

Pourquoi reculer ? Ça me parait décisif pour votre avenir,