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si je suis injuste maintenant à votre égard, c’est votre faute.

FLAMINIO.

Oui, c’est la faute de ma chétive position, ou de ma mauvaise fortune.

SARAH.

Non, monsieur, non certainement. Aucune personne juste et sensée ne vous fera un crime de cela.

FLAMINIO.

Alors… c’est donc la plaisanterie du chalet ? Eh bien, oui, madame, c’était une plaisanterie du plus mauvais goût, et je serais impardonnable si j’avais su à quelle femme elle s’adressait… Mais je ne le savais pas, voilà mon excuse.

SARAH.

En effet, vous ne le saviez pas, et, pour vous décider à me mystifier, on a dû vous dire…

FLAMINIO.

Non, rien ; n’accusez personne. Mettez tout sur le compte d’un manque d’esprit et d’éducation auquel on devait s’attendre de ma part. Où aurais-je acquis le savoir-vivre, le tact, le discernement ? N’ai-je pas vécu au hasard, sans guide, sans conseil ? N’accusez que moi, milady, cela vaudra mieux.

SARAH.

Alors… que je vous juge bien ou mal,… cela vous est parfaitement indifférent ?

FLAMINIO.

Oh ! mon Dieu, un peu plus, un peu moins de mépris…

SARAH.

Et, si j’étais disposée à vous estimer… davantage, vous ne diriez pas un mot, vous ne feriez ni un effort de volonté, ni un pas pour m’y encourager ?

FLAMINIO, qui s’est toujours tenu près de la sortie, revenant vivement sur ses pas.

Ah ! milady !… j’irais au bout du monde…

Il reste près de la cheminée, envoyant entrer Gérard.